Les robots ne sont plus confinés à l’univers industriel spécialisé. Ils colonisent nos maisons, le domaine public, les espaces de travail. Nous les envisageons à la fois comme des outils, mais aussi des compagnons, ou des assistants. Leur statut de “travailleur” (rabota signifiant travailler dans les langues slaves) au service de l’homme n’a jamais été aussi protéiforme. Et les formes sous lesquelles ils nous apparaissent n’ont jamais été aussi diverses.
Pour cultiver ces nouveaux potentiels, l’ENSCI-Les Ateliers a proposé à ses étudiants une réflexion d’une année complète, organisée autour de trois projets : 2 ateliers de projet semestriels, et un studio d’expérimentation plus court. Nous souhaitions porter des thématiques larges. Sur le statut de ces objets, de l’esclave de la littérature fantastique, à l’intelligence libérée. Sur les usages qu’ils pouvaient générer, du remplacement de l’homme, comme dans le cas des robots de chaîne de montage industrielle, à l’identification d’usages inédits. Sur leur matérialisation, du robot humanoïde au parallélépipède polymorphe. Comment le designer n’est pas appelé à traiter uniquement la composante esthétique de la partie matérielle, mais également le comportement, l’usage, l’interaction avec le système robotique ?
Les étudiants de l’atelier FabLab ont réfléchi à l’interaction et la coopération entre hommes et robots. Quels nouveaux usages pour ces outils ? Comment l’interaction avec les robots se construit-elle ? Quels outils de dialogue faut-il développer pour permettre la communication ? Dans le cadre de la robotique industrielle, nous avons proposé aux étudiants de réfléchir aux notions de programmation active autour de la fabrication flexible. Comment intégrer au moins une opération spécifique dans une chaîne classique de fabrication ? Dans un second semestre, l’attention s’est portée sur la sphère domestique. Dans ce territoire plus intime, le statut du robot devient prépondérant : quelles incursions d’une intelligence extérieure sommes-nous prêts à admettre ? Ces deux semestres se sont construits en partenariat avec Microsoft et ABB.
Les étudiants du studio Roombots ont imaginé des scenarii d’usage pour un système reconfigurable de robots développé par le laboratoire de Biorobotique de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne. Leurs qualités de déplacement, d’autonomie, de fonctionnalisation, d’agglomération, permettent d’envisager de nouveaux usages pour ces éléments, en petit groupe ou en grande tribu.
Les projets proposés par les étudiants n’entendent pas amener de réponse définitive, mais bien montrer l’étendue des questionnements naissants autour d’une plus grande intégration des robots dans notre vie de tous les jours. Car l’image hybride, entre objet et personne, renvoie à l’industrie et la fabrication, mais aussi à l’éthique et au droit.
François Brument, Simon d’Hénin, Laurent Massaloux